Prix Seligmann 2017 : Zarina Khan lauréate

Cérémonie de remise du prix Seligmann à Zarina Khan, lauréate 2017 pour La Sagesse d'aimer.

Zarina Khan, femme de lettres mais aussi philosophe, actrice et réalisatrice engagée pour les droits de l’homme et de l’enfant, a reçu en Sorbonne, mercredi 7 mars 2018, veille de la journée internationale des droits des femmes, le prix Seligmann.
Récompensée pour l’ouvrage intitulé « La sagesse d’aimer », paru aux éditions Hozhoni, l’auteure, pour qui « la compréhension de son écrit est le plus beau cadeau qu’un écrivain puisse souhaiter », s’est dite honorée de cette distinction, symbole de la lutte contre le racisme, l’injustice et l’intolérance.
Autant de combats que Zarina Khan, initiatrice du mouvement Théâtre et Liberté dans la guerre, qui l’a conduite a animer des ateliers d’écriture et de pratique théâtrale en pleine guerre à Sarajevo (1993) et à Beyrouth (1998), nominée pour le Prix Nobel de la Paix en 2005, a menés – et continue de mener ! – de front, tout au long de son incroyable parcours de vie.

« Apporter une pierre solide à la lutte contre le racisme »

Le prix Seligmann a été créé en 2003 grâce à un don de Françoise Seligmann à la Chancellerie des universités de Paris. Il commémore l’esprit des combats que cette femme d’exception et son mari ont menés tout au long de leur vie, contre le nazisme au sein de la Résistance, puis contre toute forme d’intolérance et d’injustice, notamment pendant la guerre d’Algérie. Ce prix a « pour vocation de récompenser annuellement une création écrite, d’expression française, apportant une pierre solide à la lutte contre le racisme ».

Au fil des années, le prix est ainsi venu saluer des auteurs et des personnalités tels que Yossi Beylin et Yasser Abder Rabbo (les premiers lauréats du prix, en 2004), Bachir Hadjadj (Prix 2007), Lilian Thuram (prix 2010), Léonora Miano (prix 2012), Marceline Loridan-Ivens (prix 2015) Alain Chouraqui (prix 2016) et maintenant Zarina Khan, qui en devient la 14e lauréate.

Gilles Pécout (à droite) vient de remettre à Zarina Khan (à gauche) le prix Seligmann 2017.

Gilles Pécout (à droite) vient de remettre à Zarina Khan (à gauche) le prix Seligmann 2017.

Le jury, réuni en octobre dernier sous la direction de Gilles Pécout, recteur de la région académique Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités, a ainsi récompensé « La sagesse d’aimer » pour ses qualités littéraires indéniables, mais aussi et surtout parce que le témoignage autobiographique extraordinaire qu’on peut y découvrir incarne de fait tout l’esprit du Prix Seligmann.

Le « roman vrai » d’une enfance cosmopolite

Et si un enfant naissait de la rencontre d’un prince indien cofondateur du Pakistan et d’une mère russe, elle-même fille d’un officier de la marine du tsar et d’une pianiste en exil ? Et si la mère, lieutenant de l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale, réchappait d’une lapidation, devenait diplomate et épousait en secondes noces un ancien nazi qui abuserait de la candeur de l’enfant ? Et si la petite fille grandissait en perpétuelle itinérance et quête d’amour entre Tunis et Karachi, Bruxelles et Madrid, Fribourg et Moscou ? Et si, musulmane à sa naissance, orthodoxe à 4 ans, elle était élevée par des religieuses dominicaines ? Et si elle croisait Adenauer, Franco, Orson Welles, improbable voisin, la danseuse Lucero Tena ou les peintres Manolo Villasenor et Ilya Glazounov qui en feraient le portrait ? Et si, face à l’exil, la séparation et la barbarie, la jeune fille trouvait toujours la force et la sagesse d’aimer ? Aussi fou que cela puisse paraître, c’est pourtant bien le « roman vrai » de cette enfance cosmopolite et à nulle autre pareil que nous livre avec faconde Zarina Khan dans « La sagesse d’aimer ».

Récit savoureux et captivant, servi par le talent littéraire et l’exceptionnelle mémoire de son auteure, « La sagesse d’aimer », dont « l’éducation, le livre et la littérature scandent le rythme », est une œuvre qui, selon les mots de Gilles Pécout, dit  « la diversité, la multiplicité, l’ubiquité et le métissage dans sa grandeur ».

Françoise Seligmann avait coutume de dire qu’« il n’y a pas de répit dans la défense de la liberté ». Pour Zarina Khan, dont « le combat contre le racisme a animé chaque jour de [sa] vie », lui a permis de se « relever quelque soient les sarcasmes et les obstacles », c’est un combat qui ne saurait rester solitaire car, comme elle l’a si bien dit dans son discours :

« Tous les jours, chacun d’entre nous a cette puissance de changer le monde, d’éclairer les tunnels les plus étroits et sombres, les eaux les plus troubles, les uns en construisant des phares, les autres, plus modestes et tout aussi essentiels avec leurs petites lampes frontales de conscience. A cette famille sans limites qui œuvre tous les jours pour nourrir le fleuve vivifiant de la paix, je veux dire ma gratitude, ma reconnaissance, profonde, et mon amour. »

Télécharger le discours complet.

Ne reste plus, comme l’a souligné le recteur Pécout, qu’à découvrir la suite de « La sagesse d’aimer » !

La cérémonie s’est terminée sur une séance de dédicace et chaque élève du lycée Voltaire présent a pu repartir avec son exemplaire personnalisé.

La cérémonie s’est terminée sur une séance de dédicace et chaque élève du lycée Voltaire présent a pu repartir avec son exemplaire personnalisé.

Aller plus loin

Liste complète des lauréats du prix Seligmann

La Fondation Seligmann

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