La Sorbonne au XIXe siècle : le temps des grands travaux sous la Troisième République

19_jpgÀ partir de 1806, Napoléon réorganisa l’ensemble du système d’enseignement supérieur français, baptisé Université impériale, et créa à Paris cinq facultés dont le but était de former les enseignants des établissements secondaires et des séminaires : les facultés des sciences, des lettres, de théologie, de droit et de médecine. La Sorbonne devint alors le siège des trois premières, ainsi que du rectorat de l’Académie de Paris auquel était attachée la fonction, spécifique à Paris, de Grand Maître de l’Université. Au départ, ces trois facultés s’installèrent au collège du Plessis. Ce n’est qu’en 1821 qu’elles rejoignirent l’ancienne Sorbonne abandonnée trente ans plus tôt.

La Faculté des lettres rencontra un rapide succès. On venait y suivre des enseignements de grec, de latin, d’histoire littéraire, de lettres françaises, de philosophie, d’histoire ancienne et moderne, de géographie. Sous la Restauration, la faculté accueillit en moyenne 1 000 à 1 500 étudiants par an, puis 2 000 sous la Monarchie de Juillet. Mais les effectifs des enseignants restaient limités : entre 1809 et 1878, la Faculté des lettres ne vit passer que 51 professeurs.

Foyer du libéralisme politique, la Faculté des lettres tira les bénéfices de sa proximité avec le pouvoir sous la Monarchie de Juillet. Guizot, Cousin et Villemain furent tour à tour ministre de l’Instruction publique. C’est à cette époque que la Sorbonne devint le cœur du système universitaire parisien et français.

Après l’échec de plusieurs projets de réforme et de reconstruction durant la période de la IIe République et du Second Empire, l’avènement de la IIIe République marqua un tournant décisif dans l’histoire de la Sorbonne. Du point de vue universitaire, la défaite face à l’Allemagne relança les projets de réforme soutenus par d’illustres professeurs tels que Duruy, Taine, Renan, Monod, Boutmy, Bréal ou encore Berthelot. On assista alors à une spécialisation des enseignements allant de pair avec la création des « maîtrises de conférence ». Alors que la Faculté de théologie fut supprimée en 1885, de nouvelles institutions vinrent s’ajouter aux facultés anciennes : l’Ecole Pratique des Hautes Études en 1868 et l’École des Chartes en 1897.

L’Université de Paris, qui avait disparu en tant que corps constitué durant la Révolution, fut finalement recréée en 1896 par regroupement des cinq facultés et la Sorbonne en devint le siège.

La reconstruction des bâtiments du XVIIe siècle, trop exigus et incommodes, fut finalement réalisée sous l’impulsion de Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique. Le chantier fut confié à l’architecte Henri-Paul Nénot et la première pierre du nouvel édifice fut posée en 1885. Outre la construction d’un Palais académique où siégeait l’administration rectorale, les anciens bâtiments du XVIIe siècle laissèrent place à la Cour d’honneur, la Chapelle en restant le seul élément conservé. On construisit également une vaste bibliothèque de 300 places qui comptait plus de 600 000 volumes en 1913.

Si l’ensemble des travaux ne fut réellement achevé qu’en 1901, la première partie du bâtiment fut inaugurée en 1889, pour le centenaire de la Révolution. La Sorbonne nouvelle devint dès lors dans le monde entier le symbole des Sciences et de la Culture de la jeune République française.

Vers 1900, l’université comptait plus de cent chaires et autant de cours accessoires donnés par des maîtres de conférences. Le nombre d’étudiants oscillait autour entre 3 000 – ce qui représentait 42 % des inscrits de toute la France – et 4 500 à la veille de la Grande guerre. 60 % de ces étudiants étaient inscrits en lettres. On y trouvait encore peu d’étrangers, mais le nombre de jeunes femmes passa de 11 % en 1897 à 22 % en 1906.