Prix Seligmann 2020 : « Vous n’aurez pas les enfants » récompensé

Couverture du prix Seligmann 2020, « Vous n’aurez pas les enfants », préfacé par Serge Klarsfeld et Boris Cyrulnik et paru en février 2020 aux Éditions XO et portrait photographique de son auteure, l’historienne Valérie Portheret.

La Chancellerie des universités de Paris décerne chaque année depuis 2003 le prix Seligmann contre le racisme, l’injustice et l’intolérance. Après un vote du jury exceptionnellement tenu par correspondance en raison de la crise sanitaire, le prix Seligmann 2020 a été décerné à l’historienne Valérie Portheret pour son ouvrage « Vous n’aurez pas les enfants », préfacé par Serge Klarsfeld et Boris Cyrulnik et paru en février 2020 aux Éditions XO.

« Apporter une pierre solide à la lutte contre le racisme »

Le prix Seligmann a été créé grâce à un don fait par Françoise Seligmann à la Chancellerie des universités de Paris. Il commémore l’esprit des combats que cette femme d’exception et son mari ont menés tout au long de leur vie, contre le nazisme au sein de la Résistance, puis contre toute forme d’intolérance et d’injustice, notamment pendant la guerre d’Algérie. Ce prix a « pour vocation de récompenser annuellement une création écrite, d’expression française, apportant une pierre solide à la lutte contre le racisme ».

Au fil des années, le prix est ainsi venu saluer des auteurs et des personnalités tels que Yossi Beylin et Yasser Abder Rabbo (les premiers lauréats du prix, en 2004), Lilian Thuram (prix 2010), Léonora Miano (prix 2012), Marceline Loridan-Ivens (prix 2015), Samuel Sandler et Marie Rajablat (prix 2018) et maintenant Valérie Portheret, lauréate de cette 17e édition.

L’histoire inédite du plus grand sauvetage d’enfants juifs entrepris en France pendant la Seconde Guerre mondiale. 

« Vous n’aurez pas les enfants » relate en effet l’exfiltration de 108 enfants juifs du camp de Vénissieux puis leur mise à l’abri par une incroyable chaîne de solidarité d’hommes et de femmes qui avaient compris que ces enfants étaient promis à la mort.

26 août 1942. Pour répondre aux exigences des nazis, le gouvernement de Vichy ordonne la rafle des juifs étrangers dans la région de Lyon. Au petit matin, ils sont 1 016 à être arrêtés et rassemblés dans un camp de « triage » à Vénissieux.

Nuit du 28 au 29 août 1942. Des membres d’œuvres sociales présents dans l’enceinte réussissent à convaincre les parents d’abandonner leurs enfants et de les confier à une association, l’Amitié chrétienne, seule façon de les sauver de la déportation.

Malgré les cris, les pleurs, les tentatives de suicide des mères, 108 enfants vont être séparés de leurs parents et exfiltrés du camp. De leur côté, 545 adultes sont conduits en autocar par les gendarmes à la gare de Saint-Priest, direction Drancy, puis Auschwitz où la grande majorité d’entre eux sera gazée.

Dans les heures qui suivent, la police lance une chasse pour retrouver ces enfants cachés dans un ancien couvent. Mais dans des tracts, la Résistance prévient : « Vous n’aurez pas les enfants. »

Cet événement bouleversera à l’époque l’opinion, poussant Vichy à refuser les nouvelles demandes de déportation des Juifs formulées par les nazis.

Pour pouvoir reconstituer ce sauvetage de camp de Vénissieux, Valérie Portheret a recueilli, durant 25 ans et aux quatre coins du monde, la parole de 90 des 108 enfants ainsi rescapés.

Ce livre, qui rend hommage au courage d’opposants au régime de Vichy, nous invite nous aussi à la vigilance face à la barbarie et l’obscurantisme, incarnant ainsi tout l’esprit du Prix Seligmann et de sa fondatrice qui avait coutume de dire qu’« il n’y a pas de répit dans la défense de la liberté ».

Aller plus loin

Lire l’interview de Valérie Portheret sur le site des Éditions XO

En savoir plus sur le Prix Seligmann

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