Prix Seligmann 2018 : Samuel Sandler et Marie Rajablat lauréats

Marie Rajablat et Samuel Sandler, co-lauréats du Prix Seligmann 2018, lors de la remise du prix en Sorbonne le 19 mars 2019.

Samuel Sandler, père de Jonathan, grand-père d’Arié et Gabriel, trois des quatre victimes assassinées lors de la tuerie devant l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse en 2012 et Marie Rajablat, auteure, infirmière à la longue expérience dans l’humanitaire, bénévole française chez SOS Méditerranée, ont reçu en Sorbonne, mercredi 19 mars 2019, au cœur de la Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, le prix Seligmann.

Une cérémonie – qui s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités et d’élèves du lycée Colbert (10e) – particulièrement émouvante alors qu’elle se tenait 7 ans jour pour jour après l’effroyable attentat qui a coûté la vie aux membres de la famille de M. Sandler.

Récompensés respectivement pour « Souviens-toi de nos enfants », paru aux éditions Grasset et pour « Les naufragés de l’enfer – Témoignages recueillis sur l’Aquarius », publié aux éditions Digobar, les deux récipiendaires se sont dit très honorés de cette distinction, symbole de la lutte contre le racisme, l’injustice et l’intolérance. Autant de combats auxquels ces deux ouvrages et leurs auteurs font honneur.

« Apporter une pierre solide à la lutte contre le racisme »

Le prix Seligmann a été créé en 2003 grâce à un don fait par Françoise Seligmann à la Chancellerie des universités de Paris. Il commémore l’esprit des combats que cette femme d’exception et son mari ont menés tout au long de leur vie, contre le nazisme au sein de la Résistance, puis contre toute forme d’intolérance et d’injustice, notamment pendant la guerre d’Algérie. Ce prix a « pour vocation de récompenser annuellement une création écrite, d’expression française, apportant une pierre solide à la lutte contre le racisme ».

Au fil des années, le prix est ainsi venu saluer des auteurs et des personnalités tels que Yossi Beylin et Yasser Abder Rabbo (les premiers lauréats du prix, en 2004), Bachir Hadjadj (Prix 2007), Lilian Thuram (prix 2010), Léonora Miano (prix 2012), Marceline Loridan-Ivens (prix 2015) Alain Chouraqui (prix 2016) et maintenant Samuel Sandler et Marie Rajablat, qui en deviennent les 15e lauréats.

Stefano Bosi, vice-Chancelier des universités de Paris (à droite) vient de remettre à Marie Rajablat (à gauche) le prix Seligmann 2018.

Stefano Bosi, vice-Chancelier des universités de Paris (à droite) vient de remettre à Marie Rajablat (à gauche) le prix Seligmann 2018.

Stefano Bosi remet le prix Seligmann 2018 à Samuel Sandler.

Stefano Bosi remettant le prix à Samuel Sandler.

Le jury, réuni en janvier dernier sous la direction de Gilles Pécout, recteur de la région académique Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités, a ainsi récompensé « Souviens-toi de nos enfants » et « Les naufragés de l’enfer – Témoignages recueillis sur l’Aquarius » car ce sont des ouvrages puissants qui, s’ils témoignent de tragédies différentes permettent à leurs auteurs et leurs lecteurs de faire une chose essentielle, nécessaire : dire la souffrance, ne pas oublier, donner des visages aux victimes.

Lors de sa délibération, le jury a également particulièrement apprécié l’ouvrage de Carol Iancu intitulé « Les mythes fondateurs de l’Antisémitisme. De l’Antiquité à nos jours » (éditions Privat) et a ainsi souhaité lui attribuer une mention spéciale.

Ces trois livres qui nous invitent aussi à la vigilance face à la barbarie et l’obscurantisme, incarnent de fait tout l’esprit du Prix Seligmann et de sa fondatrice qui avait coutume de dire qu’« il n’y a pas de répit dans la défense de la liberté ».

Un livre-hommage pour que « la douleur ne triomphe pas du souvenir »

Samuel Sandler pensait qu’en France on ne tuerait plus d’enfants juifs, qu’après l’horreur de la Shoah, sa famille pourrait enfin vivre en paix. Mais en 2012, le tueur de Toulouse assassine son fils et ses deux petits-enfants devant leur école.

Alors, pour conjurer la souffrance et pour perpétuer le souvenir, il écrit « Souviens-toi de nos enfants », livre-hommage, à la fois testament, prière et acte de foi dans les mots et dans l’homme.

« Ce livre est une stèle pour mes trois enfants. Que leurs visages, leurs mains, leurs sourires, leur innocence, ne s’effacent jamais de nos mémoires et que leurs prénoms y soient toujours chéris. J’aimerais que l’histoire de Jonathan, Gabriel et Arié nous habite, fraternelle et sensible. Dans mon cœur, ils vivent. La douleur ne triomphera pas du souvenir. »

Un livre-phare face à un océan de souffrances

Première de couverture du livre Les naufragés de l’enfer - Témoignages recueillis sur l'Aquarius, de Marie Rajablat, lauréate du Prix Seligmann 2018.Dans « Les naufragés de l’enfer. Témoignages recueillis sur l’Aquarius », Marie Rajablat et le photographe Laurin Schmid, qui ont partagé durant six semaines la vie de l’équipage de l’Aquarius, livrent le récit de personnes secourues en mer et de sauveteurs de SOS Méditerranée, association civile européenne de sauvetage en haute mer. Sa mission : sauver des vies sur la route migratoire la plus mortelle au monde, en mer Méditerranée, au large de la Libye.

Avec beaucoup d’humanité, les sauveteurs viennent au secours de naufragés qui sont aussi des survivants de l’enfer libyen. Au détour des ponts et coursives, hommes, femmes et enfants ont confié, avec pudeur et émotion, les raisons et les conditions de cette traversée de la dernière chance.

Ce livre, dont les témoignages bouleversants de vies meurtries – réduites souvent à l’expression de migrants – qu’il rassemble sont autant de balises de détresse dans un océan de noirceur, est aussi un phare qui projette une tenace lueur d’espoir sur ses lecteurs grâce à la résilience dont font preuve les naufragés et l’abnégation des bénévoles de SOS Méditerranée.

« Sachons nous ouvrir et laisser pénétrer l’esprit qui souffle dès les premières pages de cet ouvrage où nous partageons la vie des équipes à bord de l’Aquarius, leur découverte à la fois progressive et brutale des solidarités les liant entre eux (équipage, sauveteurs, médecins et infirmiers, communicants…), mais surtout les liant existentiellement aux naufragés eux-mêmes. » Francis Vallat – Président de SOS Méditerranée France.

Séance de dédicace à la fin de la cérémonie de remise du prix Seligmann 2018 en Sorbonne ; chaque élève du lycée Colbert présent a pu repartir avec ses exemplaires personnalisés.

La cérémonie s’est terminée sur une séance de dédicace et chaque élève du lycée Colbert présent a pu repartir avec ses exemplaires personnalisés.

Aller plus loin

Liste complète des lauréats du prix Seligmann

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