Patrimoine, philanthropie et mécénat du 19e au 21e siècle : un cycle de manifestations

La Chancellerie des universités de Paris co-organise l’exposition exceptionnelle « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d’exception » qui débute au Musée des Arts décoratifs le 13 décembre 2019. En parallèle de cette inauguration, un grand colloque sur le thème « Patrimoine, philanthropie et mécénat, XIXe-XXIe siècle. » s’est tenu en Sorbonne les 12 et 13 décembre.

Le Colloque « Patrimoine, philanthropie et mécénat, XIXe-XXIe siècle. »

Ouverture du colloque « Patrimoine, philanthropie et mécénat, XIXe-XXIe siècle. » en Sorbonne par Stefano Bosi, vice-chancelier des universités de Paris.

Ouverture du colloque par Stefano Bosi, vice-chancelier des universités de Paris.

Ce colloque, qui s’est tenu dans le Grand Salon en Sorbonne, les 12 et 13 décembre 2019, vise en prenant notamment appui sur la figure de la marquise Arconati Visconti, mécène des arts et des lettres, à enrichir nos connaissances sur la place de la philanthropie et du mécénat pour la constitution du patrimoine de l’enseignement et de la recherche, des musées, des bibliothèques et des archives.

Plusieurs études récentes ont en effet rappelé que les collections de toute nature (archéologiques, artistiques, scientifiques, etc.) des musées se sont notablement accrues, aux XIXe et XXe siècles, par le biais de dons et legs de collections privées et que le mécénat occupait ainsi une place considérable dans l’enrichissement de leur patrimoine.

Peu de travaux toutefois ont porté sur les établissements d’enseignement et de recherche, les bibliothèques et les archives alors même que le mécénat en leur faveur s’est manifesté par la construction de bâtiments, l’établissement d’instituts de recherche, la fondation de prix ou de bourses d’études et de voyages destinés aux étudiants et chercheurs, ou encore par des dons et legs de livres et d’archives, leur permettant ainsi de participer plus largement à la transmission des savoirs.

Ainsi, les échanges du jeudi 12 ont porté sur les 5 grands thèmes suivants :

  • Philanthropie et mécénat en Europe, en France et à Paris
  • Mécénat et figures de mécènes pour la recherche et l’enseignement sous la IIIe République
  • Un mécénat international : les Rothschild et les Rockefeller
  • Mécénat et développement de l’enseignement et de la recherche dans l’Entre-Deux-guerres
  • Des bibliothèques pour la recherche

Vendredi 13 ont été abordé :

  • Femmes mécènes et bénéficiaires du mécénat
  • Collectionneurs et mécènes
  • Dons et legs en faveur d’établissements universitaires : des exemples régionaux
  • Dons et legs en faveur de l’enseignement des arts et de l’histoire de l’art

La journée du 13 s’est enfin terminée par une exceptionnelle table ronde en présence de : Philippe Barbat (ministère de la Culture), Anne Forray-Carlier (musée des Arts décoratifs), Adrien Goetz (Sorbonne Université), Barthélémy Jobert (fondation Sorbonne Université), Frédéric Jousset (Beaux-Arts Magazine), François Mairesse (université Sorbonne Nouvelle-Paris 3) et Jean-Michel Tobelem (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

À noter par ailleurs qu’une exposition d’archives intitulée « Des mécènes pour l’université de Paris » et conçue en partenariat avec les Archives nationales était visible lors du colloque.

L'une des vitrine de l'exposition d’archives intitulée « Des mécènes pour l’université de Paris », consacrée ici aux dons et legs de la marquise Arconati Visconti.

L’une des vitrines de l’exposition, consacrée ici aux dons et legs de la marquise Arconati Visconti.

Télécharger le programme du colloque.

Inscription et accès :

Pour vous inscrire, envoyez un mail à : ce.archives@ac-paris.fr

L’accès au Grand Salon se fera par le 47 rue des Écoles.

L’exposition « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d’exception »

Photos d'archive de la marquise Arconati Visconti dans le cadre de l'exposition au Musée des Arts décoratifs intitulée « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d'exception », co-organisée par la Chancellerie des universités de Paris et le MAD.

Cette exposition, consacrée à la marquise Arconati Visconti (1840-1923), figure de proue du mécénat envers les musées et les établissements d’enseignement en France, femme dans un monde d’hommes, collectionneuse et philanthrope d’exception, se tient au musée des Arts décoratifs du 13 décembre 2019 au 15 mars 2020.
« Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d’exception » retrace la destinée exceptionnelle de celle qui a hérité d’une des plus grandes fortunes italiennes et qui a légué des œuvres de première importance ; peintures, sculptures, mobilier, objets d’art, mais aussi bijoux et céramiques, aux musées français et en particulier au Musée des Arts Décoratifs. C’est au total une centaine d’œuvres, issues de dons successifs, accompagnés de documents d’archives, que déploie le musée dans ses collections permanentes témoignant de la passion immodérée de la marquise pour les arts décoratifs, du Moyen Âge, de la Renaissance, des XVIIIe et XIXe siècles, et de son intérêt pour les arts asiatiques et islamiques. Ce prestigieux patrimoine qu’elle a constitué puis légué illustre ses engagements, aussi bien dans le domaine des arts et des lettres qu’en politique.

Agrafe, Chine, Règne de Qianlong (1736/1796), XVIIIe siècle © MAD, Paris / Jean Tholance. Dans le cadre de l'exposition « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d'exception ».

Agrafe, Chine, Règne de Qianlong (1736/1796), XVIIIe siècle © MAD, Paris / Jean Tholance

La personnalité de la marquise Arconati Visconti, née Marie Peyrat, apparaît en effet comme exceptionnelle, tant en raison d’une trajectoire personnelle hors normes que de ses convictions politiques et de ses qualités intellectuelles manifestes. Issue d’un milieu beaucoup plus modeste que celui de son mari, membre de l’aristocratie italienne, elle est élevée par son père, Alphonse Peyrat, journaliste, député républicain puis sénateur de la Troisième République. Femme de lettres et de culture, elle fréquente en auditrice libre les cours de l’École nationale des chartes où elle rencontre son futur mari, Gianmartino Arconati Visconti, qu’elle épouse en 1873. Ce mariage est toutefois de courte durée : le marquis meurt en 1876 d’une fièvre typhoïde, laissant sa femme seule héritière de ses biens.

Devenue veuve, la marquise se fixe à Paris où elle tient durant de nombreuses années, dans son hôtel particulier de la rue Barbet-de-Jouy, un salon que fréquentent des hommes politiques de premier plan tels que Léon Gambetta, Émile Combes, Jean Jaurès ou Joseph Reinach, mais aussi des intellectuels, professeurs à l’École nationale des chartes, à l’École des hautes études ou au Collège de France, tels que Gaston Paris, Gabriel Monod, Abel Lefranc ou Joseph Bédier. Dans ce vivier intellectuel, elle côtoie des personnalités qui font partie des premiers soutiens du capitaine Dreyfus, avec qui elle entretient une abondante correspondance.

Médaillon portant les initiales du marquis Gianmartino Arconati Visconti et contenant une photographie de Raoul Duseigneur, XIXe siècle © MAD, Paris / Christophe Dellière. Dans le cadre de l'exposition « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d'exception ».

Médaillon portant les initiales du marquis Giammartino Arconati Visconti et contenant une photographie de Raoul Duseigneur, XIXe siècle © MAD, Paris / Christophe Dellière

La marquise reçoit et fréquente de la même manière des conservateurs de musée, des amateurs d’art et des collectionneurs. Elle tisse notamment des relations privilégiées avec Raoul Duseigneur qui la conseille pour ses acquisitions de peintures, de sculptures, de mobilier et d’objets d’art dont un grand nombre vient enrichir les musées français.

« Bienfaitrice des arts et des lettres », ainsi dénommée dans un hommage qui lui est rendu un an après sa mort, la marquise Arconati Visconti s’investit dans de nombreux domaines. Elle contribue de façon marquante au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche, tant à Paris qu’en province, à travers la fondation de bourses, de prix ou de chaires et l’octroi de subventions à l’École des chartes, à l’École pratique des hautes études, au Collège de France et à plusieurs universités. Elle fait de l’université de Paris sa légataire universelle. Sa générosité s’est étendue à plusieurs bibliothèques entre lesquelles elle a réparti les ouvrages hérités de son père, de la famille de son mari ou qu’elle avait elle-même acquis ou reçus de ses amis.

Cette exposition réunit pour la toute première fois une sélection d’œuvres et objets lui ayant appartenu grâce au concours exceptionnel de différentes institutions auxquelles la marquise a apporté son soutien parmi lesquelles le musée du Louvre, le musée des Beaux-Arts de Lyon, la Cité de la céramique – Sèvres et Limoges, la bibliothèque municipale de Lyon. Elle rappelle également le contexte dans lequel elle a exercé son mécénat grâce aux prêts consentis par les Archives nationales, la Bibliothèque nationale de France, la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, la bibliothèque historique de la ville de Paris, la bibliothèque inter-universitaire de la Sorbonne et la Chancellerie des universités de Paris.

Couverture du Hors-Série de Beaux Arts Magazine édité spécialement pour l’exposition « Marquise Arconati Visconti, femme libre et mécène d'exception » organisée conjointement par le Musée des Arts décoratifs et la Chancellerie des Universités de Paris.

La couverture du Hors-Série.

Un Hors-Série de Beaux Arts Magazine est édité spécialement pour l’exposition. Il est disponible notamment à la boutique de la Sorbonne et des universités de Paris ainsi qu’à la boutique du MAD.

L’exposition numérique de la correspondance de la marquise Arconati Visconti

La bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne (BIS) a mis en place un projet visant à numériser et mettre en ligne la correspondance et les agendas de la marquise Arconati Visconti, source majeure et inédite pour l’histoire de la sociabilité intellectuelle de la IIIe République.

Les métadonnées liées aux personnes, dates et lieux sont collectées et structurées selon les normes en vigueur afin d’offrir des possibilités de visualisation et de navigation dans les documents au sein de la bibliothèque numérique de la Sorbonne, NuBIS. Ces métadonnées viennent en outre enrichir l’inventaire d’ores et déjà disponible sur Calames. Les notices Calames et NuBIS renvoient enfin les unes aux autres par des liens entre leur identifiant pérenne, assurant ainsi l’inscription des résultats de ce projet dans des outils coordonnés.

La mise en ligne de la correspondance et des agendas s’accompagne d’une exposition virtuelle sur NuBIS permettant de valoriser le fonds en le replaçant dans son contexte, en ouvrant de nouvelles pistes de recherche et en proposant aux lecteurs des outils permettant d’exploiter le fonds selon plusieurs approches.

Cette exposition a été mise en ligne le 12 décembre 2019, à l’issue de la première journée du colloque « Patrimoine, philanthropie et mécénat, XIXe-XXIe siècle ».

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