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Joachim Gauck fait Docteur Honoris Causa en Sorbonne
Jeudi 26 janvier 2017, la Sorbonne a été le théâtre d’une cérémonie symbolique : Joachim Gauck, Président de la République fédérale d’Allemagne, y a reçu ses insignes de Docteur Honoris Causa de l’université Paris-Sorbonne. Un titre qui, selon Barthélémy Jobert, président de Paris-Sorbonne, vient honorer un « indéfectible défenseur de la liberté de penser, d’agir et d’être » ainsi que l’« un des hommes publics les plus éminents et les plus respectés » d’Allemagne. Se tenant quelques jours après le 22 janvier, date anniversaire de la signature du Traité de l’Elysée, cet événement témoigne par ailleurs des liens étroits d’amitié et de coopération qui unissent l’Allemagne et la France, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La cérémonie, qui a rassemblé un public nombreux composé de hautes personnalités, de professeurs, d’étudiants et de lycéens français et allemands, s’est ouverte en musique sur les hymnes nationaux Das Deutschlandlied et La Marseillaise, interprétés par le Chœur Sorbonne Universités. Gilles Pécout, recteur de la région académique Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités a ensuite, dans son adresse de bienvenue, salué un « grand Européen aux engagements emblématiques pour de nombreuses générations » avant de remettre à Joachim Gauck la Grande Médaille de la Chancellerie des universités de Paris.
[#DHC] @GillesPecout salue le combattant inlassable de la liberté au coeur de l’Europe. #Sorbonne @Paris_Sorbonne @AllemagneDiplo pic.twitter.com/jg9nDQ49ta
— SorbonneChancellerie (@SorbonneFr) 26 janvier 2017
Comme le veut la tradition, c’est enfin au terme d’un vibrant éloge, prononcé par Barthélémy Jobert, que le chef d’État allemand a reçu ses insignes de Docteur Honoris Causa.
Par cette distinction – l’une des plus prestigieuses décernées par les universités françaises, créée en 1918 pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France ou à l’université » et dont le Président Thomas Woodrow Wilson fut le premier chef d’État récipiendaire – l’université Paris-Sorbonne rend hommage à Joachim Gauck, honorant ainsi « l’homme, sa vie, sa pensée et sa fonction, mais aussi son pays, sa culture et sa civilisation. » selon M. Jobert.
Né en 1940 à Rostock, dans une Europe à feu et à sang, Joachim Gauck a fait de la défense de la liberté le combat de sa vie. Dès son adolescence, il s’oppose à la dictature en RDA ; empêché de faire les études de philosophie ou de journalisme auxquelles il se destinait, il se tourne vers la théologie et devient, de 1965 à 1990, pasteur de l’Église luthérienne. En 1989, il fait partie des fondateurs du Neues Forum – le « Nouveau Forum », mouvement protestataire qui contribua à provoquer la chute de la RDA. Élu député en mars 1990 du rassemblement indépendant Bündis 90 (« Alliance 90 »), il demande la disparition de la Stasi tout en faisant voter une loi permettant la conservation des archives de cette tristement célèbre police secrète d’État. Dans la continuité de ce combat essentiel pour l’histoire et la mémoire, il accepte ensuite, dans une Allemagne réunifiée, la charge de « commissaire fédéral pour la documentation du service de sécurité de l’État de l’ex-République démocratique allemande », qu’il exerce jusqu’en 2000. De 2001 à 2004, Joachim Gauck est membre du conseil d’administration de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes tout en étant élu, fin 2003, à la tête de l’association Gegen Vergessen-Für Demokratie (« Contre l’oubli, pour la démocratie »).
C’est ce parcours exemplaire qui a porté en 2012 Joachim Gauck à la Présidence de la République fédérale d’Allemagne, fonction où il a, inlassablement, continuer à se faire l’ardent « avocat des droits de l’homme ». Et c’est ce parcours exemplaire, cette vie d’engagements, qui lui valent aujourd’hui le titre de Docteur Honoris Causa de l’université Paris-Sorbonne.
Une distinction hautement symbolique car, au-delà de l’acte de reconnaissance que constitue sa remise, elle est, comme l’explique Gilles Pécout, la réaffirmation par la communauté éducative et universitaire de « la place éminente des relations franco-allemandes et germano-françaises au cœur de cette Europe de l’éducation et de tous les savoirs. ». L’Europe, somme toute, « de la poésie et de la chanson, de la critique et de la science, de la passion et de la foi, des grands projets et de l’élégance des accomplissements, de l’amour d’autrui et de la solidarité, de la liberté et de l’intériorité, de l‘individu et du visage humain. » qu’a célébré M. Gauck tout au long de son discours.