Intense soirée avec la Comédie Française

Soirée lecture Albert Camus - René Char en Sorbonne

Mardi 14 mars 2017, le Grand Amphithéâtre de la #Sorbonne a accueilli un événement exceptionnel : 3 membres de la troupe de la Comédie-Française ont fait une lecture habitée d’extraits de la correspondance échangée entre Albert Camus et René Char. Alexandre Pavloff, Hervé Pierre et Clément Hervieu-Léger ont captivé un public venu nombreux découvrir la relation épistolaire de ces deux grandes voix, unies par une amitié devenue fraternelle, interrompue brutalement par la mort tragique de Camus en 1960.
Intitulée « Naissance et jour levant d’une amitié, correspondance », ce spectacle fait écho à la publication de Correspondance Albert Camus-René Char (1946-1959) chez Gallimard, dans la collection « folio ».

Albert Camus, écrivain du réel et de la révolte

Alexandre Pavloff incarnait René Char lors de la soirée lecture Camus - Char en Sorbonne

Alexandre Pavloff incarnait Albert Camus

Né en Algérie à l’automne 1913, l’auteur de La Peste, du Malentendu ou de Caligula, renonce à l’enseignement de la philosophie pour se consacrer au journalisme et à l’écriture.

Engagé, il bouleverse la vie culturelle et politique française des années cinquante, subit les traumatismes de la guerre d’Algérie sans en connaître la fin. Il meurt dans un accident de voiture en 1960.

Trois ans plus tôt, le prix Nobel de littérature lui est attribué pour l’ensemble d’une œuvre « qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes. »

René Char, poète-colosse

Hervé Pierre jouait le rôle de René Char lors de la soirée lecture Camus-Char en Sorbonne

Hervé Pierre jouait le rôle de René Char.

Né en 1907, mort en 1988, René Char, poète-colosse, communie avec tous ceux qui, artistes, écrivains et philosophes, ont élaboré une pensée, une éthique et une esthétique dont il partage les valeurs.

Tout au long de sa vie, Char a ainsi particulièrement dialogué avec les peintres, alliés substantiels et enlumineurs de ses mots en créant « l’appontement » où chacun s’échange ses outils : fusion des couleurs dans la nudité du poème, envol des mots au bout du pinceau.

Cependant, Char n’a rien d’un contemplatif, poète il s’engagera dans la Résistance sous le nom de Capitaine Alexandre « avec un verrou aux mâchoires et une montagne dans le regard » parce que la poésie est la respiration de l’homme libre. Et parce que derrière elle, il fait jaillir le mot Beauté.

« Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la beauté. Toute la place est pour la Beauté ».

« Naissance et jour levant d’une amitié, correspondance »

Clément Hervieu-Léger était le Narrateur lors de la soirée Camus - Char en Sorbonne

Clément Hervieu-Léger était le Narrateur.

Lorsqu’en 1946 Albert Camus publie Les Feuillets d’Hypnos de René Char dans sa collection « Espoir », les deux hommes se rencontrent. Écrivains acharnés dans l’élaboration d’une parole novatrice, engagée et contradictoire, Char et Camus débutent alors une riche correspondance où ils livrent et partagent leurs combats, leurs visions de l’œuvre à accomplir, leurs projets et leurs travaux communs.

Au fil des lettres, au fil des ans, de Paris à l’Isle-sur-la-Sorgue, les liens se tissent, se resserrent, l’admiration grandit. Leurs pas s’accordent sur le chemin et leurs voix portent la même révolte et le désir de Beauté. Tout se partage : les épreuves, les doutes, les angoisses, les joies, et au cœur de cette fraternité chacun respecte la solitude du créateur.

René Char : « Vous êtes un des rares hommes, Albert, que j’aime et que j’admire d’instinct et de connaissances à la fois. »

Albert Camus : « Mon affection pour vous, si elle essaie toujours de n’être pas pesante, n’est pas distraite, ni capricieuse. Je sais que nous nous ressemblons dans nos silences aussi, et dans nos absences. »

René Char : « Je crois que notre fraternité – sur tous les plans – va encore plus loin que nous l’envisageons et que nous l’éprouvons. De plus en plus, nous allons gêner la frivolité des exploiteurs, des fins diseurs de tous bords de notre époque. Tant mieux. Notre nouveau combat commence et notre raison d’exister. »

Camus se passionne pour le théâtre mais n’écrit pas de poésie, quand Char n’approche que rarement l’écriture théâtrale. Leur correspondance allie deux univers complémentaires, où se manifeste un engagement partagé dans la parole donnée d’homme à homme, d’éthique à éthique. Jamais facile ni séductrice, la parole de Camus et de Char relève d’un effort destiné à élever la conscience. L’écriture est ce travail, leur correspondance en est le témoignage.

Affiche de la soirée-lecture Albert Camus - René Char en Sorbonne

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soirée lecture Albert Camus – René Char avec la Comédie Française
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