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Gérard Berry reçoit la médaille d’or du CNRS 2014
Gérard Berry, pionnier de l’informatique, grand théoricien des langages de programmation, est le lauréat 2014 de la médaille d’or du CNRS, la plus haute distinction scientifique en France. La prestigieuse récompense lui a été remise mercredi 17 décembre, dans le Grand Amphithéâtre en Sorbonne, par Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur et à la Recherche. La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités parmi lesquelles François Weil, recteur de l’académie, chancelier des universités de Paris et Alain Fuchs, président du CNRS.
Gérard Berry, informaticien de génie
A presque 66 ans, Gérard Berry a une carrière bien remplie. Ancien élève de l’École Polytechnique, il y fait en 1967 une rencontre fatidique, celle de son premier ordinateur quand l’informatique était encore une discipline émergente. Ingénieur général du Corps des mines, il a également été chercheur à l’École des mines de Paris et chez Inria de 1970 à 2000.
C’est à cette époque qu’il entame le grand œuvre de sa vie, créer des langages pour se faire l’interprète entre l’homme, « intelligent mais approximatif et lent » et l’ordinateur, « rapide, exact mais bête, puisqu’il fait seulement ce que qu’on lui dit de faire ».
Sur une intuition géniale – se projeter dans un environnement idéal où la vitesse de réaction et de calcul des ordinateurs est absolue – ses équipes et lui développent dans les années 80 Esterel, un langage de programmation en temps réel qui permet d’exprimer la synchronisation temporelle des tâches et de prouver leur bon déroulement. Esterel et ses différentes versions ont permis de créer des programmes synchrones, en perpétuelle interaction avec leur environnement et que l’on retrouve dans de très nombreux systèmes embarqués, notamment en aéronautique (pilotage automatique, freinage…), en robotique, dans le secteur ferroviaire… Concrètement, sans Esterel et les langages synchrones qui ont suivis, les Rafales et les Airbus A380 ne voleraient par exemple pas.
A partir de 2001 et jusqu’en 2009, Gérard Berry prend la direction scientifique de la société Esterel Technologies, créée en 2000 pour commercialiser le logiciel Esterel. Ce sera l’occasion pour lui de travailler avec des industriels d’envergure mondiale, ce qu’il conçoit comme une véritable opportunité : « Les problèmes qu’ils nous posaient étaient bien plus durs que nos hypothèses de laboratoire ! ».
Gérard Berry reprend ensuite son poste de directeur de recherche Inria, de 2009 à 2012, année depuis laquelle il occupe la première chaire du domaine informatique créée par le Collège de France : « Algorithmes, machines et langages ». Aujourd’hui, il consacre donc une bonne partie de son temps à enseigner et transmettre sa culture scientifique, avec un talent certain de pédagogue :
Toutefois, sa passion des langages informatiques demeure intacte. Face au développement du web et au foisonnement d’applications, ses recherches portent actuellement sur la programmation diffuse qui concerne les objets connectés. Il développe ainsi, avec Manuel Serrano de l’Inria, un nouveau langage qui leur est destiné : HipHop. Sans parler de sa collaboration avec l’Ircam où il travaille à l’adaptation d’Esterel au monde de la musique électronique ainsi qu’à la création de partitions algorithmiques.
Outre la médaille d’or du CNRS, Gérard Berry a reçu de nombreuses distinctions dont, dès 1979, la médaille de bronze du CNRS – un encouragement prophétique ! Membre de l’Académie des sciences depuis 2002, il est notamment Chevalier de la Légion d’Honneur (2012) et… régent de déformatique au Collège de ‘Pataphysique, la célèbre société de recherches savamment absurdes, inspirée d’Alfred Jarry.
La première médaille d’or du CNRS dans le domaine de l’informatique
La médaille d’or du CNRS distingue chaque année, depuis sa création en 1954, l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifique qui a contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche française. De fait, elle vient souvent récompenser des pionniers dans leur domaine, appelés aux plus hautes distinctions mondiales : sur 66 lauréats, 12 ont ensuite reçu un prix Nobel et 2 la médaille Fields. Cette année ne déroge pas à la règle en consacrant celui qu’un collègue, Georges Gonthier, chercheur au laboratoire de recherche de Microsoft à Cambridge, décrit ainsi : « C’est un chercheur d’un enthousiasme débordant qui est toujours convaincu à 200% de ce qu’il fait. C’est extrêmement contagieux quand on travaille avec lui ! Il est curieux et a un fort appétit pour la nouveauté. Il est toujours en train de regarder quelle est la prochaine innovation. La communauté des langages synchrones n’aurait pu rêver meilleur ambassadeur. »
Au dos de la médaille d’or du CNRS est gravé un extrait de « La Valeur de la science », d’Henri Poincaré : « La pensée n’est qu’un éclair au milieu de la nuit. Mais c’est cet éclair qui est tout. » Cette belle sentence illustre idéalement l’importance des travaux novateurs de Gérard Berry à l’heure de la transformation numérique. Du traitement formel des langages de programmation à la conception de circuits intégrés assistée par ordinateur en passant par la programmation parallèle et temps réel, les éclairs de génie de Gérard Berry, l’homme qui orchestre les ordinateurs, illuminent bien plus qu’on ne le soupçonne notre quotidien, ce que n’ont pas manqué de souligner dans leur discours Najat Vallaud-Belkacem et Geneviève Fioraso.
Aller plus loin
Parmi ses nombreux centres d’intérêt, Gérard Berry nourrit une véritable passion pour…les Shadoks ! Voici une vidéo à ne pas manquer :