Le Président colombien Juan Manuel Santos fait Docteur Honoris Causa en Sorbonne

Doctorat Honoris Causa de Juan Manuel Santos

Vendredi 23 juin 2017, la Sorbonne a été le théâtre d’une cérémonie symbolique : Juan Manuel Santos, Président de la République de Colombie, y a reçu ses insignes de Docteur Honoris Causa de l’université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Un titre qui, selon les mots de Georges Haddad, président de Panthéon Sorbonne, vient honorer un chef d’État et Prix Nobel de la paix « symbole vivant […] d’une action au service de l’honneur de l’esprit humain. ». Ouvrant la Saison colombienne en France – qui court jusqu’au 16 décembre 2017 – cet événement témoigne en outre des liens anciens d’amitié et de coopération tissés entre la Colombie et la France, notamment dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

La cérémonie, qui s’est déroulée en présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, par ailleurs expert reconnu de la Colombie, et a rassemblé un public nombreux composé de hautes personnalités, de professeurs et d’étudiants français et colombiens, s’est ouverte sur l’entrée en musique – La Gota Fria d’Emiliano Zuleta – du cortège académique.

Doctorat Honoris Causa de Juan Manuel Santos : les musiciens de l’Orchestre et Chœur des Universités de Paris (OCUP) assurent le prologue musical.

Les musiciens de l’Orchestre et Chœur des Universités de Paris (OCUP) assurent le prologue musical.

Gilles Pécout, recteur de la région académique Île-de-France, recteur de l’académie de Paris, chancelier des universités a ensuite, dans son adresse de bienvenue, salué en Juan Manuel Santos un « grand homme d’État » avant de lui remettre la Grande Médaille de la Chancellerie des universités de Paris.

Doctorat Honoris Causa de Juan Manuel Santos : remise de la Grande Médaille de la Chancellerie des universités de Paris.

Juan Manuel Santos montrant la Grande Médaille de la Chancellerie, que vient de lui remettre Gilles Pécout (à droite), à l’assemblée.

Comme le veut la tradition, c’est au terme d’une vibrante laudatio, prononcée par Maria Gravari-Barbas, vice-présidente aux relations internationales de l’université Panthéon Sorbonne, que le chef d’État colombien a reçu ses insignes de Docteur Honoris Causa.

Par cette distinction, l’université Panthéon Sorbonne rend hommage à Juan Manuel Santos, honorant ainsi « un homme politique qui a marqué l’histoire du monde en ce début de troisième millénaire » selon les mots de Mme Gravari-Barbas. Ce titre est en effet l’un des plus prestigieux décernés par les universités françaises ; créé en 1918 pour honorer « des personnalités de nationalité étrangère en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres ou aux arts, à la France ou à l’université », le Président Thomas Woodrow Wilson, autre grand promoteur de la paix, en fut le premier chef d’État récipiendaire. Monsieur Santos est quant à lui le second chef d’État et Prix Nobel de la paix ainsi distingué par l’université, son prédécesseur n’étant autre que l’illustre Nelson Mandela.

Doctorat Honoris Causa de Juan Manuel Santos : Le Président lors de son discours de remerciement.

Le Président lors de son discours de remerciement – on peut voir l’épitoge, symbole de son titre de docteur honoris causa sur son épaule gauche.

Juan Manuel Santos, issu d’une famille qui compte parmi celles ayant le plus influencé la Colombie au cours de ces derniers siècles et dont les liens avec la France sont anciens – son grand-oncle Eduardo Santos, qui exerça avant lui la fonction présidentielle au milieu du 20e siècle, avait aidé le grand ethnologue français Paul Rivet à fuir l’occupation nazie avant de trouver à son tour refuge à Paris lors de la dictature militaire colombienne – a connu plusieurs carrières avant d’accéder à la magistrature suprême.
Ayant étudié l’économie à l’université du Kansas puis à la London School of Economics et à Harvard, il a exercé pendant 10 ans les fonctions de représentant de la Colombie auprès de l’Organisation internationale du café à Londres. Mais, avant de rentrer en politique, il a surtout été un journaliste de renom, titulaire de la bourse Nieman à Harvard et du prix « Roi d’Espagne » du journalisme – la plus haute récompense en langue espagnole.
Il débute ensuite sa carrière politique et occupe, dans les années 80, le poste de Premier ministre du Commerce extérieur, qui lui a permis d’œuvrer à l’ouverture économique de son pays, de conclure d’importants accords commerciaux avec les nations d’Amérique latine et de favoriser le rapprochement avec le continent asiatique. C’est à cette époque qu’il créé la Fondation  Buen Gobierno, qui vise à promouvoir les bonnes pratiques au sein de l’administration publique.
Au tournant du millénaire, M. Santos assume la fonction de ministre des Finances, dans un pays en plein crise économique. Désigné ministre de la Défense de 2006 à 2009, il a mené une guerre sans répit à la guérilla, sans jamais cesser pour autant de considérer la paix comme son but ultime. Ainsi, élu à la Présidence en 2010 puis réélu en 2014, il a fait de la recherche de la paix par la voie du dialogue l’une de ses priorités absolues. Après six ans de négociations complexes, il réussit à mener le processus de paix à son terme avec la signature, fin 2016, d’un accord avec les FARC mettant fin à plus d’un demi-siècle de conflit interne armé en Colombie. Le Comité Nobel norvégien, bien conscient, comme l’a dit M. Santos, qu’« il est plus difficile de faire la paix que de faire la guerre », a ainsi décidé de lui attribuer le Prix Nobel de la paix en 2016.
Cette volonté d’agir pour le bien commun, le Président colombien l’a rappelée avec force dans son allocution en déclarant : « Nous sommes les habitants d’une maison commune, qui est la Terre. Nous sommes humains ! […] Reconnaître l’humanité commune implique d’être tolérants, d’adopter et de valoriser la diversité, d’avoir de la compassion et de la compréhension vis-à-vis des sentiments des autres, de croire que la force de l’amour – dans sa plus haute dimension spirituelle – peut vaincre la force de la peur laquelle se traduit en haine, discrimination et exclusion. » « Moi, je choisis d’être humain. Libre et humain, égalitaire et humain. Fraternel…et humain ! » a-t-il conclu dans une belle référence à la devise républicaine française.
C’est ce parcours exemplaire et cette vie d’engagements qui valent aujourd’hui au Président Juan Manuel Santos le titre de Docteur Honoris Causa de l’université Panthéon Sorbonne.

Une distinction qui, selon Juan Manuel Santos, réaffirme que « les liens culturels et intellectuels entre nos deux pays sont exceptionnels. ». Et voués à se développer plus encore, comme en témoignent les 3700 étudiants colombiens en France et les 500 étudiants, professeurs et chercheurs français en Colombie.

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