Entrée au Panthéon : hommage public en Sorbonne

© Ernest Pignon-Ernest, CMN, Paris, 2015

© Ernest Pignon-Ernest, CMN, Paris, 2015

Mardi 26 mai, veille de l’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle Anthonioz et Jean Zay, hommage sera rendu en Sorbonne à ces quatre grandes figures de la Résistance par le monde scolaire et universitaire, en présence de hautes autorités.
Une veillée ouverte au public débutera ensuite à 19h sur le parvis de la Chapelle, dans la Cour d’Honneur de la Sorbonne, durant laquelle des textes emblématiques de la résistance seront lus par des étudiants de l’ESPE de Paris. Cette lecture solennelle sera accompagnée par deux formations musicales universitaires : le Chœur et Orchestre Sorbonne Universités (COSU) et l’Orchestre et Chœur des Universités de Paris. La veillée se prolongera jusqu’à 21h30.

L’entrée se fera par le 17, rue de la Sorbonne, Paris 5e

19h15-20h

Lecture des textes par des étudiants de l’École supérieure du professorat de Paris
Chœur et Orchestre Sorbonne Universités  – Direction : Ariel Alonso

Je vous salue ma France, Louis Aragon, 1943

  • Marseillaise
  • Le chant des Partisans

Je trahirai demain, Marianne Cohn, 1943

  • Lacrimosa du Requiem de Mozart
  • Offertorium du Requiem de Mozart

Demain, Robert Desnos, 1942

  • Brahms, Waldesnacht op. 62 n°3
  • Reger, Nachtlied op. 138
  • Sandström, Det är en ros utsprungen
  • Whitacre, Water Night

Liberté, Paul Eluard, 1942

  • Extraits du Cantique des Cantiques de Daniel-Lesur (Dialogue, La Voix du Bien-Aimé, Le Roi Salomon, Epithalame)

20h15-21h30

Lecture des textes par des étudiants de l’École supérieure du professorat de Paris
Orchestre et Chœur des Universités de Paris – Chef de chœur : Guillaume Connesson

Ce cœur qui haïssait la guerre, Robert Desnos, 1943

  • Messa di Gloria de Puccini (extrait)

Strophes pour se souvenir,  Louis Aragon, 1956

  • Messa di Gloria de Puccini (extrait)

Les fusillés de Châteaubriant, René Guy-Cadou, 1946

  • Messa di Gloria de Puccini (extrait)

Le veilleur du Pont-au-change, Robert Desnos, 1942 (extrait)

  • Messa di Gloria de Puccini (extrait)

Le veilleur du Pont-au-change, Robert Desnos, 1942 (extrait)

  • Le Trouvère de Verdi (extrait)

Fragment « 128 » Des feuillets d’Hypnos, René Char, 1946

  • Aïda, de Verdi (extrait)

Quatre grandes figures de la Résistance

PIERRE BROSSOLETTE (1903-1944)

Brillant étudiant, normalien et reçu deuxième à l’agrégation d’histoire en 1925, Pierre Brossolette devient journaliste de presse écrite et de radio. Engagé à gauche (SFIO), pacifiste convaincu mais lucide face au péril totalitaire, il dénonce les accords de Munich. Il interrompt en 1939 ses activités politiques et rejoint à sa demande une unité combattante. Après l’armistice, le régime de Vichy lui refuse un poste d’enseignant. Il acquiert alors une librairie qui couvre des opérations de résistance.

Il rejoint d’abord le réseau du musée de l’Homme en 1940 puis, fin 1941, la Confrérie Notre-Dame, important réseau de la zone occupée. En avril 1942, il rencontre à Londres le général de Gaulle et le colonel Passy. Dès lors, membre de la France libre, il n’a de cesse de rallier de nouvelles personnalités politiques.

Début 1943, l’opération Arquebuse-Brumaire (Passy-Brossolette) jette les bases d’un organisme politique représentatif de la résistance en zone occupée.

Après un retour en France, il est rappelé à Londres en janvier 1944 mais ne parvient pas à rejoindre sa destination. Il est arrêté le 3 février. Torturé, il se suicide le 22 mars en se défenestrant de la chambre où il est retenu prisonnier par la Gestapo, avenue Foch à Paris.

Héros et martyr, Brossolette a donné voix aux combattants de l’ombre, qu’il célébra comme les « soutiers de la gloire » (discours du 22 septembre 1942, BBC).

GERMAINE TILLION (1907-2008)

Ethnologue, élève de Marcel Mauss et Louis Massignon, Germaine Tillion organise des filières d’évasion de prisonniers dès 1940. Pivot du réseau du Musée de l’homme, elle rédige des tracts qui transitent par la maison de sa mère, Émilie. Après l’arrestation du groupe, elle continue ses activités au sein d’autres organisations. Dénoncée en août 1942, elle est incarcérée à la prison de Fresnes puis déportée 14 mois plus tard au camp de Ravensbrück.

Elle y découvre le système concentrationnaire nazi dont elle décrypte les rouages et la logique pour elle-même mais aussi pour soutenir et informer ses camarades. Le Verfügbar aux enfers, opérette qu’elle écrit pendant sa captivité, raconte avec une tragique drôlerie le quotidien des « disponibles » du camp, utilisées aux basses besognes.

Libérée le 23 avril 1945, Germaine Tillion partage dès lors son existence entre la recherche en histoire et en ethnologie, en particulier au CNRS et à la 6e section de l’École pratique des hautes études, et un important militantisme, consacré notamment à la cause des femmes, aux conditions de vie et de détention durant la guerre d’Algérie, et la mémoire de la déportation et de l’univers concentrationnaire.

Elle écrit : « Si j’ai survécu, je le dois à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et, enfin, à la coalition de l’amitié. »

GENEVIÈVE DE GAULLE ANTHONIOZ (1920-1998)

Geneviève de Gaulle est étudiante en histoire quand éclate la guerre. Avec sa grand-mère, en Bretagne, elle entend l’appel à la résistance lancé par son oncle Charles (18 juin 1940).

Dès 1941, elle agit au sein de plusieurs réseaux : elle prend en charge la presse clandestine et diffuse les positions politiques de son oncle, inconnu du grand public.

Arrêtée en juillet 1943, emprisonnée à Fresnes, elle est déportée à Ravensbrück en février 1944. Son identité connue, elle devient pour toutes ses camarades l’incarnation de la France résistante. En octobre 1944, elle est isolée dans le bunker sur ordre d’Himmler qui espère l’utiliser comme monnaie d’échange. Après sa libération en avril 1945, elle œuvre en tant que présidente de l’ADIR* pour que soit entretenue la mémoire des déportées politiques françaises.

En 1958, elle rejoint avec son époux le cabinet du ministre des Affaires culturelles André Malraux. La même année, elle fait la connaissance du père Joseph Wresinski, aumônier dans un bidonville de Noisy qu’il lui fait visiter. Elle découvre le dénuement total et y retrouve « l’odeur » de Ravensbrück. Son combat contre la grande pauvreté au sein d’ATD* qu’elle dirige à partir de 1964, la mène à porter devant l’Assemblée en juillet 1998 une loi contre l’exclusion sociale. Elle est la première femme française élevée à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, en 1998.

* Association nationale des anciennes déportées et internées de la résistance
* Aide à toute détresse

JEAN ZAY (1904-1944)

Dans les années 1920, Jean Zay, étudiant en droit, s’engage au parti radical et radical socialiste du Loiret et à la Ligue des droits de l’homme. Devenu avocat, patriote résolument antifasciste, il est élu député en 1932. Il est le plus jeune ministre de l’Éducation nationale, nommé en 1936 dans le gouvernement du Front populaire dirigé par Léon Blum. Il réforme le système éducatif : démocratisation, modernisation, initiative des maîtres, innovations pédagogiques. Il agit pour l’accès au sport et à la culture qu’il voit comme des outils d’émancipation.

Hostile aux accords de Munich, il reste néanmoins au gouvernement jusqu’en septembre 1939, avant de s’engager volontairement.

Défenseur d’un véritable renouveau économique et social pour son pays, il embarque en juin 1940 avec 26 autres parlementaires sur le Massilia afin de constituer un gouvernement d’exil en Afrique du Nord. Arrêté à Casablanca, il est transféré en France et condamné à la déportation pour désertion devant l’ennemi, au terme d’un procès politique.

Condensé des obsessions de l’extrême droite (juif, franc-maçon, radical, libre-penseur), il est la cible du régime de Vichy. Dans sa cellule de Riom, il écrit et incarne pendant quatre ans la République résistante. Il est assassiné par la Milice en juin 1944.

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